Nous avons vu dans la première partie de cet article sur l’activité cérébrale sous hypnose, que l’hypnose a longtemps été considérée comme une méthode pour endormir le patient. Salvatrice pendant une opération chirurgicale lorsque les antalgiques n’existaient pas encore, on voyait l’hypnose comme une plongée en sommeil profond. Puis Milton Erickson a réinventé l’approche hypnotique, en affirmant que chaque sujet était actif en séance, et conscient des moindres échanges, ce qui n’est pas compatible avec un état de sommeil profond.
DE L’HYPNOSE ERICKSONIENNE AUX PREMIÈRES IMAGES MÉDICALES : L’HYPNOSE ACTIVE NOTRE CERVEAU !
L’hypnose est intimement liée à l’histoire de la médecine. Puissant antalgique, elle a voyagé des rites chamaniques du fond des âges aux salles opératoires de nos hôpitaux d’aujourd’hui. Aujourd’hui, l’hypnose fait l’objet de recherches actives de la part de médecins et futurs médecins, qui souhaitent apprendre à s’en servir pour opérer sans anesthésie ou effacer les douleurs de leurs patients, comme en témoigne cette récente thèse d’un futur diplômé de médecine dentaire.
Milton Erickson : un patient actif de sa guérison
Docteur psychiatre américain du XXe siècle, Milton Erickson fonde une hypnose moderne qui révolutionne la conception qu’en ont ses praticiens. En effet, en hypnose Ericksonienne, le sujet est sollicité tout au long de la séance, non pas comme participant, mais comme acteur : une fois détendu – par une musique apaisante par exemple – il est accompagné par la voix monotone du thérapeute vers son inconscient, où il devra trouver les réponses à ses questionnements.
« Nous avons tous en nous les ressources pour vivre une bonne vie. »
– Milton Erickson
Les neurosciences enquêtent sur l’hypnose
S’appuyant beaucoup sur les avancées de Milton Erickson, les travaux de Stanislas Dehaene, psychologue cognitiviste et neuroscientifique français, permettent de mettre au jour la réalité de l’état hypnotique, en réalisant des imageries du cerveau type IRM fonctionnelle – dite IRMf – capables d’observer le cerveau en action. En comparant l’activité cérébrale d’un groupe de personnes avant et pendant la mise sous hypnose, les chercheurs dévoilent une cartographie du cerveau qui n’est semblable ni à l’état de sommeil, ni à l’état d’éveil. En effet, ce ne sont pas les mêmes zones du cerveau qui sont activées que lorsqu’on dort (et que l’on rêve ou que l’on fait des cauchemars) ou qu’on est éveillé, et certaines zones présentent une hyperactivité très visible sur les images, tandis que d’autres semblent « en sommeil ».
Comme on peut le voir sur cette illustration du Figaro Santé, on observe 3 phénomènes principaux sur une personne en état hypnotique :
- le détachement vis-à-vis de ses propres actions
- une focalisation importante de l’attention sur les sensations et émotions internes
- une rupture de contact avec l’environnement, sauf l’objet désigné de l’attention
Il existe donc bien un état hypnotique qui correspond à une activité cérébrale particulière.
LES TAC : ACTIVER LA CONSCIENCE EN SÉANCE D’HYPNOSE
Ainsi, les TAC mettent à l’honneur la concentration et l’attention du sujet en travaillant :
- dans une position tonique, qui demande de la vigilance et de l’équilibre
- avec une approche verbale métaphorique
- pour une participation active du patient (« agent ») qui fait appel à son imagination et à ses sens
Résumé
Il est clair que les recherches des neurosciences du XXe siècle ont achevé de prouver que l’hypnose correspond bien à un état particulier, qui n’est ni le sommeil ni l’éveil. Elles ont dévoilé une activité cérébrale singulière, où certaines zones du cerveau fonctionnent en sous-régime, quand d’autres présentent des signes d’hyperactivité. Sur ces observations scientifiques, les praticiens en hypnose modifient leur approche professionnelle, en s’éloignant de l’ancestrale idée de l’hypnose comme un état semblable au sommeil, pour se rapprocher d’une vision beaucoup plus consciente et active de cet outil thérapeutique.